L’installation du musée

Dès l’entrée, une fois traversée la grande cour d’honneur, Picasso est à sa place dans cette demeure singulière. L’artiste est chez lui. On croirait même qu’il a toujours été là. Cet ineffable sentiment mis à part, le musée national doit répondre à plusieurs objectifs : la présentation, l’étude et la diffusion de l’œuvre. Il faut resituer dans son contexte la position de l’homme dans son siècle comme ses différents centres d’intérêt, ses relations avec la musique, le théâtre, la danse, la poésie, la politique, la société, la tauromachie et les traditions qui lui rappellent ses origines espagnoles. Le musée doit organiser programmation et accrochages en fonction de ces différents éléments. Il faut donc prévoir des espaces d’expositions temporaires et en susciter, à partir du fonds permanent. Une autre de ses grandes missions est de réunir une documentation la plus large et la plus complète possible sur l’œuvre et sur l’homme. Le musée Picasso doit répondre à ce besoin d’accueil, de « centre culturel ».

Dominique Bozo est chargé de sa mise en place, de 1978 à 1985. En attendant l’ouverture du musée, il organise la présentation de la dation au Grand Palais, en 1979. Les « Picasso de Picasso » comprennent 203 peintures, 158 sculptures, 16 papiers collés, 29 tableaux reliefs, 88 céramiques, 3000 dessins, des ouvrages illustrés, des manuscrits et des œuvres d’art primitifs appartenant à la collection personnelle du peintre. Notons que le musée bénéficiera par la suite de deux autres dations, celle en 1990 de Jacqueline Picasso, la dernière épouse du peintre qui mourut en 1986 (47 peintures, 2 sculptures, 40 dessins, 24 carnets, 19 céramiques, 245 gravures et lithographies), et celle des héritiers de Dora Maar en 1998. Cette dernière dation a permis d’enrichir le musée d’une collection significative de photographies. Dons et acquisitions ont complété cet ensemble déjà considérable.

Pablo Picasso, Portrait de Dora Maar, 1937.
Pablo Picasso, Massacre en Corée, 1951.
Pablo Picasso, Le déjeuner sur l'herbe d'après Manet, 1960.