Picasso

Une profonde amitié a lié Paul Eluard et Picasso jusqu’à la mort du poète en 1952. De leur rencontre, au milieu des années 1930, au décès du poète, on peut considérer Eluard comme le meilleur ami du peintre.

Eluard, très amateur et connaisseur, fréquentait les milieux de l’art et fut proche de nombre d’artistes, sur lesquels il s’exprimait ou écrivait. Certains d’entre eux ont, en retour, illustré ses poèmes, comme ce fut le cas pour Picasso.

Rien ne prédisposait Daniel-Henry Kahnweiler à devenir l’un des plus emblématiques marchands d’art du XX^e siècle, si ce n’est sa très grande culture et son intérêt précoce pour la peinture. Issu d’une famille bourgeoise allemande, l’aisance de celle-ci lui a permis de tenter sa chance à Paris, avec une somme allouée lui permettant, durant un an, de s’essayer à sa fonction de galeriste d’avant-garde.

Pour commémorer les cinquante ans de la mort de Picasso, l’Espagne et la France ont souhaité célébrer cet anniversaire à  travers une commission binationale. Une programmation de près de cinquante expositions et nombre d’événements se dérouleront en Europe et aux États-Unis dans le cadre de la Célébration Picasso 1973-2023.

Auteur de Guernica, portraitiste de Djamila Boupacha, Picasso a été une icône pour les scènes artistiques arabes. Andalou d’origine, étranger à Paris, compagnon de route du parti communiste et ami de la cause des indépendances des peuples, Picasso sera perçu par bien des artistes arabes comme étant l’un des leurs et davantage encore comme la promesse d’un art universel sans hiérarchie d’époques, de lieux ou de styles.

Les rapports de Picasso et de la politique sont en général analysés au travers de ses engagements les plus spectaculaires : ses œuvres « politiques » de 1937, en particulier Guernica et son engagement au parti communiste français à partir de 1944.

Si ces deux épisodes sont essentiels dans la trajectoire personnelle et artistique de l’artiste, ils n’en occultent pas moins ses évolutions.

Depuis les années 30, Prévert et Picasso ont nourri une longue amitié et participé à tous les moments artistiques de la scène parisienne. Sans mélancolie, le peintre et le poète ont tous deux une sereine conscience de leur devoir : transmettre ce que la vie leur a appris, par la parole, par les mots et par la peinture ou l’image.

Picasso et Jacques Prévert sur la plage d'Antibes, en 1963.
Photo Robert Doisneau/Gamma-Rapho

Picasso a traversé le XX^e siècle, connu les courants de pensée et leurs acteurs comme les événements majeurs ou tragiques qui l’ont ponctué. Disert dans ses tableaux, l’artiste n’en est pas moins marqué par l’histoire de son pays. Sa pratique se transforme au fil de ses questionnements sur l’art et sa relation au réel. Car s’il est arrivé en France par curiosité, il s’y est installé d’abord avec plaisir, puis par obligation. L’arrivée de Franco au pouvoir devait définitivement lui fermer les portes de son Espagne natale : cet exil et son engagement politique auront des influences parfois évidentes, parfois subtiles, sur son travail et sur sa vie.

"Cet essai est la retranscription d’une conférence donnée au Metropolitan Museum of Art, New York le 29 avril 2016. Cette recherche s’inscrit dans un projet de recherche plus large sur les ventes de séquestre de la galerie Kahnweiler après la première guerre mondiale. Ce travail a pour but d’apporter un nouvel éclairage sur le contexte et l’organisation des ventes ainsi que d’offrir un catalogue raisonné des œuvres cubistes passées dans ces ventes."

Beaucoup de ce que nous faisions nous, les enfants, se passait en dehors de l'atelier, on faisait des jeux liés au milieu de l'art par exemple. On fabriquait des galeries, des invitations aux vernissages, on imitait les portes des galeries et bien sûr on faisait des tableaux que l'on voit dans une exposition...", Claude Picasso dans Ojo 33 nous raconte sa vie en famille et les jeux avec son père.

Dans ce nouvel opus d’Ojo, vous découvrirez les dernières œuvres de Picasso. Entre le 31 décembre 1970 et le 4 février 1971, l’artiste réalisait dans son dernier atelier une série de cinquante-sept dessins dont il fit don au musée Réattu et plus encore à son ami, Jean-Maurice Rouquette, nommé directeur du musée de la ville le 1^er octobre 1956.

Dans le cubisme des années 1909 à 1912, Picasso adopte un style « obscur» et hermétique dans ses œuvres. Celles-ci témoigneront de sa rencontre avec les artistes et écrivains du milieu intellectuel, et Alfred Jarry, et les écrivains réunis autour des revues La Voce et Leonardo (Ardengo Soffici, Giovanni Papini et Giuseppe Prampolini), joueront chacun, un rôle déterminant dans la configuration du nouveau style de Picasso. C’est à la faveur de ces rencontres que l’artiste fera la connaissance du philosophe de la durée, Henri Bergson.

En marge d'une thèse : Picasso et Bergson, excursus historiographique et analyse de la phase analytique du cubisme de Picasso (1909-1912). Du savoir au savoir-faire.

Le papier collé apparaît à l’historien de l’art comme une nouvelle forme expressive qui pose le problème du cubisme en général, celui de son interprétation. Comment, en effet, lire une œuvre pour laquelle la culture n’a déposé aucun pacte de lecture ? La sémiotique paraît une discipline adaptée à l’approche d’un tel phénomène.

Au début des années 20, les époux Kahnweiler organisent "les dimanches de Boulogne". C'est là que Michel Leiris rencontre sa future femme mais aussi celui qui deviendra son ami pendant un demi siècle: Pablo Picasso.

« Picasso, qui peignit avant d’apprendre à lire, semble avoir reçu la mission d’exprimer avec son pinceau tout ce qui est. » Charles Morice, 1902, catalogue Mercure de France

L’histoire de l’hôtel Salé dont ce texte s’inspire est minutieusement détaillée par Jean-Pierre Babelon, dans un fascicule édité à l’occasion de l’ouverture du musée en 1985 et qui se trouve dans les archives du musée.

L’objectif de cette publication est d’explorer le processus créatif de quelques années, partagées entre Paris et Barcelone, qui furent capitales dans la production de Picasso. Il est impossible de ne pas tenir compte du parallèle entre le processus pictural et vital d’un artiste comme Picasso. Connaître et diffuser son œuvre n’est pas suffisant, il faut également étudier sa vie, sans aucune dichotomie, pour savoir comment, et dans quelles circonstances, il a réalisé ses créations. 

Si la légende veut que Samuel M. Kootz, marchand new yorkais arriviste et déterminé se soit brièvement servi de Pablo Picasso pour promouvoir les jeunes artistes américains dans le contexte de basculement du centre de l’art de Paris à New York après la seconde Guerre Mondiale, la relation entre les deux hommes demeure plus complexe qu’elle n’apparaît et mérite que l’on s’y attarde. 

Pourquoi la mode ne suivrait-elle pas, pas à pas, les découvertes, les suggestions de nos plasticiens modernes ? Nos intérieurs ne pourraient-ils pas être comme une caisse de résonance de toutes les inquiétudes, de l’inquiétude de l’époque ? […] L’existence d’un « honnête homme » doit être une. Par l’appartement, l’habillement, le choix des objets d’art et des tableaux.

Marie Cuttoli. Extrait d’une publicité pour Myrbor, Cahiers d’art, juin 1926.

Sotheby's Paris a présenté le 6 juin dernier à la vente deux œuvres de Picasso de la collection de Marina Picasso, petite-fille du peintre. Ces deux tableaux  provenaient de la succession de Pablo Picasso et n’avaient pas quitté l’atelier du peintre jusqu’à son décès en 1973. Nous avons choisi de rassembler  dans un même article l’histoire de ces œuvres qui témoignent, toutes deux, des préoccupations politiques et humanistes de Picasso pendant l’immédiat avant-guerre et la période de l’Occupation.

Si la place du théâtre dans l’œuvre de Picasso a bien été étudiée (1), l’importance d’Olga Khokhlova [1891-1955], danseuse des Ballets Russes et première épouse de l’artiste, reste à ce jour méconnue (2). Il paraît ainsi nécessaire de présenter pour la première fois le parcours artistique de la danseuse, depuis sa formation en Russie jusqu’à ses rôles dans les ballets de Diaghilev et sa rencontre en 1917 avec Picasso qui découvre ainsi les arts de la danse et de la musique au travers de sa collaboration avec les Ballets Russes et sa relation amoureuse avec Olga.

(1) Consulter par exemple Douglas Cooper, Picasso Theatre, Londres, Widenfeld and Nicolson, 1968 ; Picasso and the Theater, cat. exp (Olivier Berggruen éd.), Francfort, Schirn Kunsthalle, 2007.

(2) Lire le seul article spécifiquement consacré au sujet : Anne Baldassari, « Olga Koklova and Dance » dans Picasso. The Italian Journey. 1917-1924, cat. exp. (Jean Clair éd.), Venise, Palazzo Grassi, 1998, p. 96-99. Cette étude résulte de la consultation des archives d’Olga Ruiz-Picasso (FABA) et des programmes des Ballets Russes entre 1911 et 1917 ; cet examen n’étant pas aujourd’hui exhaustif, la chronologie est susceptible d’être révisée.

Cet article propose un nouvel éclairage sur le dessin de Picasso intitulé Paysannes d’Andorre, en l’étudiant sous une perspective différente, comme une synthèse entre le bagage avec lequel Picasso est arrivé à Gósol en mai 1906 et les expériences vécues par l’artiste dans ces montagnes. Picasso, qui s’intéressait à l’exploration du monde primitif réalisée par Gauguin, s’est rendu dans ce village des Pré-Pyrénées qui conservait des mœurs et des traditions d’origine archaïque.

Parmi les films qui montrent un artiste à l’œuvre, Le Mystère Picasso, tourné en 1955 par Henri-Georges Clouzot, apparaît comme l’une des plus grandes réussites du genre. On connaît bien la « préhistoire » de cette création cinématographique qui fut l’entreprise commune de deux virtuoses dans leur métier: le cinéaste Clouzot et le peintre Picasso. 

Chacun des deux hommes a contribué, à parts égales, à la conception du film même si, par moments, le cinéaste joue le rôle traditionnellement attribué au metteur en scène et si le peintre lui-même devient un acteur, incarnant le personnage de Picasso, l’artiste moderne par excellence.

Les clichés sans fondement véritable abondent sur la fertile période picassienne qui s'étend de 1905 à 1907. Ils pèsent sur la compréhension de l'œuvre de cette époque et, sous certains aspects, sur une partie de la production postérieure de l’artiste. Dans le cadre de mes recherches sur ce thème, j'ai réexaminé ces conceptions et analysé les œuvres à partir de nouveaux paramètres interprétatifs¹. Je tenterai dans cet article de présenter une idée générale de la question qui peut, selon moi, apporter de nouvelles clés pour l'historiographie picassienne.

1    C. Boncompte Coll, Iconografía picassiana entre 1905 y 1907. Influencia de la pintura pompeyana, thèse de doctorat dirigée par la Dra. Lourdes Cirlot et soutenue le 9 novembre 2009 à l'Université de Barcelone (voir http://www.tesisenxarxa.net/TDX-1120109-093323/).

André Level (1863-1946), collectionneur, homme d’affaires et financier, mais surtout amateur éclairé, ne s’imaginait pas qu’en fondant l’Association de La Peau de l’Ours en 1904 avec quelques amis, il serait à l’origine, dix ans plus tard, d’une opération spéculative sans précédent qui allait placer l’art moderne sur le devant de la scène artistique et offrir à Picasso son premier grand succès public.