Les céramiques de Picasso, la donation de Jacqueline à Barcelone

Au Museo Picasso de Barcelone jusqu'au 1er Avril 2013


Cette exposition célèbre le trentième anniversaire du don de Jacqueline Picasso de 41 céramiques uniques à la ville de Barcelone.

Extrait de l'introduction du catalogue

Auteurs: Marilyn McCully, Michael Raeburn


Après la mort de Picasso en 1973, qui a été suivie par la mort de Suzanne et Georges Ramié (en 1974 et 1976), Jacqueline est restée en contact avec l'un de ses artisans, Dominique Sassi, qui au fil des ans avait aidé Picasso à l'atelier Madoura. Sassi fut responsable de l'organisation de trois expositions de céramiques provenant de sa collection, dont l'exposition de 1981 à Balingen, qui commémorait le 100e anniversaire de la naissance de Picasso. Cet ensemble fut présenté à Barcelone en 1982 et constitua le don. Sassi et Jacqueline ont travaillé ensemble à la sélection de l'exposition de Balingen et ont collaboré au catalogue. Dominique Sassi a ensuite présenté un autre groupe d'oeuvres de la collection de Jacqueline à l'Atelier Sassi-Milici à Vallauris en 1986 et puis une nouvelle sélection en 1990.
Le choix des oeuvres que Sassi et Jacqueline ont fait ensemble pour l'exposition de Balingen en 1981 montre non seulement le reflet de son goût pour la céramique, mais, dans une large mesure, les préférences de Picasso pour certains effets, dont l'aspect terne et «sale» des patines. Sassi se souvient que Jacqueline sortait les pièces uniques d'une grande salle pleine de céramique et lui demandait de donner son avis sur chacune d'elles:«Elle avait un goût très sûr. Elle avait une grande admiration pour les pièces qui étaient très simples et naturelles, sans trop de brillance. Elle n'aimait pas beaucoup les émaux. Et [dans l'exposition de Balingen] la qualité naturelle des pièces était évident.'


L'amitié de Jacqueline pour les amis catalans de Picasso a beaucoup compté dans sa décision de donner le contenu de l'exposition de Balingen à la ville où Picasso avait commencé sa carrière artistique. L'éditeur Gustau Gili et en particulier son épouse Anna Maria, qui avait rendus visite à Picasso et Jacqueline à plusieurs reprises à Notre-Dame-de-Vie, étaient restés proches de Jacqueline, et c'est à leur demande que le Maire de la ville avait invité Jacqueline à présenter sa collection personnelle à Barcelone.
Sa décision de faire le don de ces oeuvres à la ville était, selon Sassi, est liée à l'importance personnelle que la céramique a eu pour Jacqueline. La valeur que la céramique a eu pour Picasso lui-même est liée à la joie de vivre de nouveau au bord de la mer et par la même de retrouver le monde classique. Cela lui a fourni un moyen de réaffirmer son identification avec la plus ancienne des traditions artistiques: la terre elle-même en tant que matériel, et la notion mythologique de la transformation qui est à l'origine de son activité en tant qu'artiste.


Le fait que la plus ancienne peinture sur céramique soit toujours aussi fraîche aujourd'hui qu'elle l'était lorsque les Grecs appliquèrent l'engobe rouge et noir sur les vases et les assiettes, et que les traces des artisans puissent encore être vues dans les empreintes cuites dans l'argile, signifiait beaucoup pour Picasso. En travaillant la céramique lui-même, il pouvait établir une connexion directe avec le passé  - et à bien des égards cela est aussi valable pour l’ensemble de son travail. La donation à Barcelone des céramiques de Picasso est un cadeau de Jacqueline qui garanti à ces pièces une vie dans l'avenir, et qui seront vues et appréciées dans le contexte qu'elle envisageait.

Cara de Llagosti, 1961- Assiette en terre cuite blanche, relief appliqué, peinture à l'engobe