a Détail visible de l’œuvre
b et c Photographies de l’échantillon à la loupe binoculaire
d Photographie de la coupe transversale de l’échantillon au microscope optique
ÉCHANTILLON 3
Il est formé de deux blocs principaux. Les couches plus externes correspondent à diverses tonalités de bleu, nuancées avec un rouge identifié comme vermillon. La couche 5 est fine et très foncée et pourrait être un voile.
Ce premier groupe de couches bleues présente une importante interface avec la suivante (4). Au travers de la microscopie électronique de balayage (SEM), ont été identifiées différentes couches obtenues avec un mélange de base de blanc de plomb, de vermillon et de jaune de cadmium. La granulométrie de ces couches de chair est plus fine et régulière que les antérieures. Enfin, la couche marron (3) la plus interne a une morphologie similaire et un rouge identifié comme laque, et est par conséquent très différente du vermillon des couches plus superficielles.
7 couche foncée
6 couche bleue
5 couche bleu foncé
4 couches rose chair
3 couche marron
2 couche blanche
1 préparation/apprêt blanc
ÉCHANTILLON 4
La couche extérieure rosée est très fine et couvre une base bleutée, avec une interface très marquée. Cette couche bleue est un substrat composé par du blanc de plomb et du bleu de Prusse, nuancé de vermillon. Son interface avec la couche 3 est diffuse, ce qui indiquerait une rapidité d’exécution à la différence de la suivante (2), dans laquelle elle est très définie. Ceci pourrait déterminer un changement de phase picturale.
5 couche rouge marron clair
4 couche bleu clair
3 couche bleu foncé
2 couche orange
1 préparation/apprêt blanc
Page 56
Le bleu de la CS1 est intégré dans les craquelures des couches internes correspondant à Derniers instants et à la couche de préparation, donnée qui indique qu’elle était totalement sèche (même fissurée) quand Picasso travailla à La Vie.
La couche de peinture noire attribuée à Derniers instants, appliquée directement sur la base de préparation, est composée d’un pigment noir (d’os ou de marbre) finement mélangé à du bleu outremer. Cette couche de noir est récurrente dans la composition élémentaire tout au long des trois sections transversales ; néanmoins, les strates successives de cette couche de noir initiale sont différentes en fonction de leur localisation. Par exemple, tout au long du bord supérieur CS1 apparaît une couche de couleur rouge-orangée, dont la localisation nous permet de savoir qu’elle correspond à la lumière rouge-orangée qui émane de la lampe dans Derniers instants. Cette peinture de couleur orange (composée de plomb et de charbon) s’observe par la fissure du craquelage et dans les images obtenues par infrarouge et rayons X.
Les deux dernières couches de peinture dans les sections transversales CS2 et CS4 correspondent à La Vie. Dans ces sections, Picasso appliqua tout d’abord le bleu foncé avec du blanc de plomb en différentes proportions pour créer les différentes tonalités de bleu.
Entre les échantillons CS2 et CS4, prélevés à une distance de 7,5 cm, ont été trouvées des différences stratigraphiques. Dans CS2 on observe une couche de couleur gris foncé entre la couche de noir de Derniers instants et le bleu foncé de La Vie. Cette couche grise est formée par un mélange d’outremer et de noir charbon.
Afin de pouvoir mieux interpréter la nature minéralogique des échantillons, d’autres analyses complémentaires ont été réalisées avec une fluorescence ultraviolette et une spectroscopie Raman.
(Résumé de l’étude réalisée par Dean Yoder, du Cleveland Museum of Art, avec la collaboration scientifique de Gregory Dale Smith, de l’Indianapolis Museum of Art)[1].
Page 57
[1] Dean Yoder, restaurateur de peinture au Cleveland Museum of Art et Gregory Dale Smith, Ph.D., restaurateur scientifique Otto N. Frezel III à l’Indianapolis Museum of Art.