Un déjeuner à l'atmosphère magnétique

Citant une autre la biographie de Rivera de Loló de la Torriente, parue en 1959[1], un article de Roberto Pliego[2] apporte ce complément : « Loló de la Torriente écrit que Picasso a organisé le déjeuner, au milieu "d'une atmosphère magnétique ou électrique qui aurait presque pu être touchée avec les mains". La journée s'est déroulée entre une visite à l’atelier de Diego et un dîner dans un restaurant de Montparnasse auquel Eva Gouel et Angelina Beloff se sont jointes. À minuit, Picasso a pris l'une des photographies de ses archives - une reproduction d'une guitare en papier et en carton - et, dans un geste de bienvenue, a écrit au verso: « À Diego Rivera, en tout accord »… Le lendemain matin, Picasso apparaît dans l'atelier de Diego avec Guillaume Apollinaire; dans l'après-midi Ambroise Vollard, l'ancien protecteur de Cézanne, fait son apparition… »

Dans ses mémoires, Angelina Beloff, la compagne de Diego Rivera, fait une allusion à ce dîner, ou à une autre rencontre : « Picasso et Diego ont longtemps été de bons amis. Il nous a rendu visite et nous sommes également allés dans son atelier, où il nous a montré ses peintures. Et il commençait à être célèbre et à une occasion, quand nous l'avons rencontré dans un café, sa femme (Eva Gouel) nous a dit avec admiration et une pointe de fierté : «Vous savez, Pablo a vendu des peintures au musée du millionnaire russe Chtchoukine, et il commence déjà à être connu ». Ce fut le début de la gloire de Picasso. Sa femme est tombée gravement malade ; Je pense qu'elle était tuberculeuse.[3] »

En effet, le collectionneur russe Serguei Chtchoukine a acheté à Kahnweiler, début 1914, trois tableaux de Picasso : des collages cubistes réalisés la même année et que l’on peut voir désormais au Musée de l’Ermitage à Saint Pétersbourg[4]. Ce sont ses derniers achats avant la guerre.


[1] Loló de la Torriente, Memoria y razón de Diego Rivera, Mexico, Editorial Renacimiento, 1959. Nous n’avons pu avoir accès à cette biographie, qui semble très détaillée. Il n’en existe malheureusement aucune traduction en français ni en anglais.

[2] Roberto Pliego, Diego et Pablo, 2013, article en Espagnol sur le site :  https://www.nexos.com.mx/?p=15484 consulté le 28/3/2020 : “Escribe Loló de la Torriente que Picasso dispuso el  almuerzo, en medio “de una atmósfera magnética o eléctrica que casi hubiera podido tocarse con las manos”. El día corrió entre una visita al estudio de Diego y la cena en un restaurante de Montparnasse a la que se sumaron Eva Gouel y Angelina Beloff. Al llegar la medianoche, Picasso  tomó una de las fotografías de su archivo —la reproducción de una guitarra hecha a base de papel y cartón— y, en un gesto de calurosa bienvenida, escribió al reverso: “A Diego Rivera, en todo de acuerdo”... A la mañana siguiente, Picasso se presentó en el estudio de Diego junto a Guillaume Apollinaire; por la tarde, hizo su aparición Ambroise Vollard, el viejo protector de Cézanne.”

[3] Angelina Beloff, Memorias, Mexico, Ed. Universidad Nacional Autónoma de México-Coordinación de Difusión Cultural-Dirección de Literatura, 1986, p.47 : “Picasso y Diego fueron buenos amigos durante mucho tiempo. Él nos visitaba y nosotros también íbamos a su taller, donde nos mostrada sus pintura. Y a empezaba a ser famoso y en una ocasión en que nos lo encontramos en un café, su mujer (Eva Gouel) nos dijo con admiración y un dejo de orgullo: “Saben, Pablo ha vendido cuadros al museo del millonario ruso Shchukin, y ya empieza a darse a conocer”. Era el comienzo de la gloria de Picasso. Su mujer cayó enferma de gravedad; creo que estaba tuberculosa.”

[4] Compotier avec grappes de raisin et poire coupée , Verre et poire coupée sur une table, La guinguette (Le jambon) encore appelé Couteau, fourchette, menu, bouteille, jambon, que l’on peut voir sur le site :     http://www.collectionchtchoukine.com/artistes/pablo-picasso consulté le 29/3/2020

Pablo Picasso avec le chien Sentinelle, Angelina Beloff et Diego Rivera.
Pablo Picasso avec le chien Sentinelle, Angelina Beloff et Diego Rivera.
Cette photo est habituellement légendée Ambroise Vollard, Eva Gouel et Pablo Picasso avec Sentinelle, le chien d'André Derain.
Photographie anonyme, épreuve argentique, 1914.