Une succession complexe et des œuvres inédites.

Lors du décès de l’artiste, la succession a connu des étapes complexes : reconnaissance des droits de l’ensemble des enfants de l’artiste et, bien entendu, estimation des biens. Pierre Zecri, président de la Compagnie des administrateurs judiciaires, est chargé de régler l'indivision qui s'avère d'une telle complexité que chacun des six héritiers va faire appel à un avocat : Roland Dumas pour Jacqueline, Bacqué de Sariac pour Paulo, Paul Lombard pour Maya, Jean-Denis Bredin pour Claude et Paloma, Albert Naud pour Marina. Le montant de la succession est colossal.

Maurice Rheims (1910-2003) qui avait exercé le métier de commissaire-priseur de 1935 à 1972 et ensuite nommé expert près la Cour d’appel et le Tribunal de grande instance de Paris fut, dans cet office, chargé d’inventorier la succession Picasso. En 1977, après quatre années de recensement, Maurice Rheims évalue l'entier actif successoral à 1,2 milliard de francs, soit l'équivalent de près de 700 millions d'euros actuels- somme qui paraît aujourd’hui presque dérisoire au regard des prix atteints par le marché de l’art. « L'héritage du siècle », titre la presse. « J'ai été stupéfait, dira Maurice Rheims, c'était à la fois la quantité et la qualité que je découvrais. Il y avait là non seulement des œuvres inconnues et superbes, mais aussi des toiles illustres que Picasso, refusant de les vendre, avait gardées pour lui. »[1] Pour Pierre Daix, nombre de peintures appartenaient à « son laboratoire ou à ses confidences intimes. »[2]

L'ensemble des biens laissés par le peintre et les œuvres de Picasso qui en constituent l'essentiel seront répartis par lots tirés au sort devant les trois notaires chargés de la liquidation de la succession. De tous ces trésors accumulés par Picasso, l'État se fera payer dans la proportion de 20 % environ, non pas de la seule collection, mais de l'ensemble de l'héritage.

 

[1] cité par Véronique Prat, le Figaro, 11 décembre 2010.

[2] Pierre Daix, Dictionnaire Picasso, « dation Picasso », éditions Robert Laffont, collection Bouquins, 1995, page 239.

Paysage de Céret, Printemps-été 1913.
Paysage de Céret, Printemps-été 1913.
Paris, Musée national Picasso-Paris.
Plat espagnol décoré d’une chouette, 21 mars 1957 Paris.
Plat espagnol décoré d’une chouette,
21 mars 1957 Paris.
Musée national Picasso-Paris.